Projets
Résultats des projets menés par le CTIFL et ses équipes
DENVER - Optimiser la ressource en eau et l'irrigation en verger avec la dendrométrie
Description du projet
La question de la disponibilité de l’eau en tant que ressource devient de plus en plus préoccupante dans la plupart des territoires. Même dans les régions où l’eau d’irrigation est actuellement accessible, le réchauffement climatique entraîne une augmentation des demandes de tous les secteurs (agriculture, tourisme, industrie, habitat…), ce qui génère une tension croissante sur cette ressource.
Ce projet vise à :
- tester de nouveaux outils de pilotage de l’irrigation ;
- expérimenter, avec ces outils, des stratégies culturales pour les vergers fruitiers, permettant une utilisation plus économe de l’eau.
Le projet concerne les principales espèces fruitières de la région Auvergne Rhône-Alpes : le pêcher, le pommier, le noyer et le châtaignier.
L’objectif est d’améliorer les stratégies de gestion de l’eau en arboriculture pour les rendre plus efficaces et économes. Des dendromètres de précision sont intégrés pour mesurer, en temps réel, l’état hydrique des arbres, permettant ainsi de piloter l’irrigation au plus près des besoins réels des cultures. Grâce à ces innovations, des stratégies de gestion plus économes en eau seront définies et testées.
Par ailleurs, des scénarios de restriction seront expérimentés afin de mieux anticiper les contextes futurs de moindre disponibilité de la ressource en eau.
Résultats
Les dendromètres mesurent et enregistrent des données très précises de variations de diamètre des branches en temps réel. Ces données alimentent le calcul d’indicateurs que sont l’amplitude de contraction journalière et la croissance journalière, qui sont très pertinents et robustes pour caractériser en temps réel un stress hydrique en verger, ou plus globalement comprendre le fonctionnement de l’arbre, quelle que soit l’espèce. L’utilisation de l’outil dendromètre demande une expertise sur la mise en place de l’appareil et l’interprétation des données qu’il est nécessaire d’acquérir. Mais l’expérience du projet DENVER montre que son utilisation paraît indispensable quand il est envisagé de monitorer des stratégies d’irrigation économes, voire restrictives, ou ne serait-ce que détecter des situations de verger en sur-irrigation.
La réussite de stratégies efficientes d’irrigation, c’est-à-dire qui réduisent significativement les apports d’eau sans modifier la performance du verger, est facilitée par l'usage des dendromètres mais dépend de paramètres supplémentaires. Les marges de manœuvre sont différentes selon les conditions climatiques de l’année et les niveaux d’évapotranspiration en saison.
Dans les années de très fortes sécheresses, les résultats du projet DENVER ont montré que les restrictions d’eau possibles ne semblent que limitées s’il faut maintenir le statut physiologique de l’arbre et les niveaux de production attendus. A l'inverse, des années avec des contextes hydriques plus favorables sont plus propices à permettre des économies plus significatives d’eau. Aussi, tout dépend des pratiques de chaque exploitation en regard de leur bilan hydrique annuel selon les cultures.
Le défi majeur désormais est de pouvoir transférer les compétences acquises dans le cadre du projet DENVER, mais cela semble soumis à deux conditions :
- D’une part, un travail de formation, de montée en compétence et d’acquisition de référence en situation réelle est à effectuer avec les acteurs techniques de la gestion de l’eau en arboriculture, soit les conseillers des chambres, des organisations de producteurs, etc. L’objectif est d’accompagner techniquement le maximum d’arboriculteurs qui souhaiteraient travailler sur les stratégies d’irrigation et éventuellement s’équiper de dendromètres.
- D’autre part, la problématique du coût et de l’accessibilité du dendromètre est une question à traiter. Ce matériel n’est encore que très peu intégré dans les solutions commerciales des fournisseurs potentiels de matériel d’irrigation ou de capteurs et sondes à destination du monde agricole. Leur déploiement est pourtant à encourager, pour que les pratiques puissent évoluer, et que les exploitations en arboriculture puissent s’adapter aux effets du changement climatique.