Projets
Résultats des projets menés par le CTIFL et ses équipes
Expérimentation multi-filières de solutions de biocontrôle contre les ravageurs des cultures - XP-BC
Description du projet
Le développement de l’usage du biocontrôle est aujourd'hui un enjeu majeur, mais son déploiement est encore bien insuffisant en regard des objectifs qui étaient visés par le Plan Ecophyto 2018. C'est face à ce constat que des acteurs de la recherche, du développement, de l’innovation et des industriels du secteur phytosanitaire ont décidé en 2014, dans la lignée des orientations du Plan Ecophyto 2, de se rejoindre au sein d’un consortium public-privé afin de créer un environnement partenarial, multi-compétent et multi-filières, favorable au développement du biocontrôle. L'une des premières actions du Consortium Biocontrôle a été d'approuver, en 2016, la création de trois réseaux d'expérimentation dans le cadre du projet XP-BC : l'un ciblant les maladies foliaires des grandes cultures, l'autre, les mildious de la vigne, de la pomme de terre et de la tomate, et le troisième, les ravageurs des cultures.
Coordonné et animé par le CTIFL, le réseau d'expérimentation XP-BC "Ravageurs" étend son périmètre d'action aux ravageurs des cultures des filières céréales, oléoprotéagineux, vigne, fruits et légumes, horticulture et plantes aromatiques, en fédérant les compétences de sept instituts techniques agréés BPE (CTIFL, ARVALIS, Terres Inovia, IFV, ASTREDHOR, ITEIPMAI, IFPC). Ce réseau s'appuie sur une offre de services proposée en prestation aux industriels du biocontrôle pour le test de leurs solutions (macro-organismes, micro-organismes, médiateurs chimiques, substances naturelles). Son mode de fonctionnement vise un transfert rapide des solutions entre cultures-cibles, puis vers l'utilisateur : centralisation des besoins d'expérimentation des firmes, mise en œuvre des essais sur la base de protocoles communs, analyse multisites des résultats, recherche de convergences inter-filières, développements méthodologiques spécifiques pour l'identification des facteurs de succès des solutions proposées, afin de donner aux industriels les moyens d'affiner leurs préconisations d'utilisation.
Résultats
La construction du réseau d'expérimentation XP-BC "Ravageurs" a permis d'établir collectivement la liste des pathosystèmes d'intérêt économique majeur pour chacun des secteurs agricoles, puis de sensibiliser les industriels aux besoins des filières pour des cibles en situation critique (dégâts significatifs sur les productions et usages mal pourvus), mais peu attractives en termes de marché pour les firmes. En établissant notre offre de services d'expérimentation, qui pouvait concerner des produits au stade de la recherche, comme des solutions en phase de développement, nous avons pu identifier un ensemble de points de blocage qui contribuent au faible déploiement des solutions de biocontrôle dans le cas particulier de la protection contre les ravageurs :
- dispersion dans l’espace qui rend délicate l'utilisation des macro-organismes et des médiateurs chimiques en milieu ouvert ;
- sensibilité des solutions de biocontrôle aux conditions du milieu (climat, sol, éléments du paysage, pratiques agricoles et notamment intégration dans des stratégies globales) ;
- instabilité des solutions naturelles (taux de survie au transport, en stockage, après application) ;
- praticité des apports (adaptation des techniques d’application), d’installation (confuseurs) ou de maintenance (pièges) ;
- sensibilité au lessivage ; persistance d’action ;
- impacts négatifs sur les butineurs ou la faune auxiliaire ;
- au niveau de l'expérimentation : difficulté à maîtriser la présence du ravageur ou celle de la solution appliquée, ou encore à garantir un témoin non traité (phéromones notamment).
Au regard de ces divers points, nous avons proposé aux industriels des méthodes d'expérimentation adaptées, et en cas de verrous méthodologiques, nous avons transmis nos besoins de développements aux acteurs de la recherche. Sur ce dernier point, nous avons mis en lumière un besoin de développement de méthodes de terrain pour le repérage et la quantification de Composés Organiques Volatiles, ce qui a conduit au test d'une méthode basée sur l'utilisation de fibres SPME, en collaboration avec l’INRAE PSH d’Avignon. Malgré l'adhésion des industriels aux principes et à l'intérêt de notre réseau, et une forte communication, seule une solution de biocontrôle nous a été proposée en test sur trois pathosystèmes.
Le fonctionnement de ce réseau s'est heurté aux obstacles suivants :
- forte contrainte de confidentialité au niveau des firmes, qui s'oppose à une expérimentation multi-acteurs ;
- priorisation du financement des essais par les firmes sur des objectifs stratégiques, ce qui reste un frein au déploiement des tests sur une multiplicité de sites et de pathosystèmes, et notamment sur cultures ou usages mineurs ;
- sur ravageurs, peu de solutions de biocontrôle à un stade de recherche suffisamment avancé au niveau des industriels.
Le réseau d'expérimentation XP-BC "Ravageurs" reste ouvert aux propositions d'essais par les firmes.
