Projets
Résultats des projets menés par le CTIFL et ses équipes

Acquisition de connaissances sur le psylle du poirier et sa régulation

Dates du projet
De : Janvier 2021
À : Décembre 2024
Porteur interne du projet
Thématique
Espèces travaillées par le CTIFL

Description du projet

Malgré des surfaces de production en hausse dans les régions du Val-de-Loire, la production de poires des dernières années semble diminuer (hormis l’année 2020 qui fait figure d’exception avec une hausse de production de près de 16% sur un an). Les causes en sont d’une part les calibres, relativement petits en raison des sécheresses estivales, et d’autre part les pressions des ravageurs de plus en plus fortes. 

Parmi ces pressions, le psylle du poirier en est sûrement la plus problématique. En effet, par l’utilisation excessive d’insecticides généralistes, le cortège d’auxiliaires prédateurs de ce ravageur a tendance à se réduire au fur et à mesure des années. Avec ces produits phytosanitaires efficaces sur de courtes périodes, n’éliminant qu’une partie des populations de ce bioagresseur, la gestion du psylle du poirier s’avère, de nos jours, incontrôlable. 

En effet, les dégâts causés sont en recrudescence et peuvent provoquer une perte totale de récolte. Les piqûres des larves et des adultes perturbent la circulation de la sève et le miellat produit provoque une dépréciation commerciale des fruits à la récolte. La fumagine dégagée est également responsable d’une réduction de la photosynthèse qui peut gêner l’induction florale. Les arbres sont également impactés puisque ces ravageurs sont vecteurs de virus et impactent la qualité des bourgeons fruitiers l’année suivante.

Résultats

Pour sa seconde année de mise en place sur le verger de La Morinière, le suivi de la maturité ovarienne des femelles semble être une technique pertinente dans la lutte contre ce bioagresseur. En effet, ce suivi permet d’anticiper les pontes des femelles au verger puisque la courbe d’évolution des pontes en verger est étroitement corrélée avec la proportion de femelles matures. Il est cependant important de noter que le suivi doit se faire tôt en saison puisque les hivers doux de plus en plus fréquents accélèrent la maturité sexuelle de ces femelles. Néanmoins, des pontes trop précoces en verger (plusieurs semaines avant le débourrement de poiriers) ne semblent pas problématiques puisque la durée de vie des larves de psylles post-éclosion est réduite (2 à 3 jours) lorsque aucun tissu végétatif n’est développé. En effet, ces larves ont un besoin crucial de ces tissus pour y prélever la sève, indispensable à leur survie.

L’installation de différents pièges Rebell a permis la mise en évidence nette d’une appétence particulière du psylle du poirier pour la couleur orange. Ces résultats nécessitent cependant de faire face à l'épreuve du temps avant de valider définitivement ce résultat. 

A propos des méthodes de lutte mises en place par des pulvérisations foliaires, l’utilisation de 5 barrières physiques n’a pas permis la réduction drastique des pontes en verger. Lors des applications post-éclosions, plusieurs spécialités démontrent une efficacité certaine dans la régulation du psylle du poirier. Sans réelle surprise, nombreuses sont les matières actives de synthèse introduites qui ont permis la réduction des populations de ce ravageur, a contrario des spécialités de biocontrôle introduites. Parmi ces dernières, seule la double application de l’Armicarb présente un intérêt dans la gestion des individus. 

Concernant la défoliation précoce en post-récolte, les résultats souhaités n’ont pu être mis en évidence. D’une part, la chute des feuilles par cette application a été jugée faible en raison des températures relativement chaudes sur la saison, et d’autre part, l’hétérogénéité présente au sein des modalités au lancement de l’essai ne permet pas une analyse fine des résultats. Par ailleurs, il est primordial de préciser que la méthodologie utilisée pour évaluer l’efficacité de cette défoliation sur les populations nécessite d’être perfectionnée puisqu’elle ne permet pas à date d’évaluer l’impact réel sur les populations de ce ravageur. Enfin, au niveau des modèles de développement, ceux-ci s’avèrent être perfectibles, même si certaines concordances sont notables, notamment sur la simulation des pontes et leurs présences en verger. À ce jour, les bonnes simulations des pontes en verger procureraient un atout de plus dans la gestion des barrières physiques, qui sont à disposer en amont des pontes en verger. Par ailleurs, l’évolution du suivi de maturité sexuelle des femelles pourrait être une donnée supplémentaire à ajouter au modèle afin de lui apporter de la pertinence vis-à-vis de la profession.