Le maraîchage biologique, un ensemble hétérogène
Les fermes maraîchères en agriculture biologique sont diverses, allant de systèmes complexes s'appuyant fortement sur la biodiversité à des systèmes simples reposant plutôt sur les intrants, c'est-à-dire tout ce qui est consommé pour conduire une culture : engrais, produits phytosanitaires, carburant, électricité, bâches, etc. Dans cette dichotomie conceptuelle, le pôle s'appuyant sur la biodiversité peut être considéré comme une « agriculture biologique agroécologique », caractérisée par des pratiques à bas niveau d'intrants, combinant de nombreuses cultures, associées ou non, et des zones de biodiversité sauvage pour aider à maintenir la santé du système agricole et sa résistance aux perturbations, dans une approche systémique. À l'inverse, le pôle reposant sur les intrants peut être considéré comme une « agriculture biologique conventionnalisée » et se caractérise par une spécialisation sur peu de légumes différents, avec un usage intense d'intrants. Au-delà de la distinction binaire « agroécologique ou non », un gradient de fermes existe entre ces deux pôles, avec différents niveaux d'agroécologie. L'hétérogénéité de l'utilisation des intrants et des pratiques agricoles peut conduire à des impacts environnementaux différents. L'objectif de cette étude est d'évaluer les performances environnementales du maraîchage, en s'appuyant sur le cas de trois fermes contrastées par leur fonctionnement agroécologique.
L'analyse du cycle de vie pour évaluer les impacts environnementaux
L'analyse du cycle de vie (ACV) est une méthode d'évaluation multicritère qui permet de quantifier les impacts potentiels sur l'environnement et la santé et les problèmes d'épuisement des ressources associés à des biens ou des services. Elle est reconnue au niveau international par la norme ISO 14040. Elle prend en compte les impacts engendrés tout au long du cycle de la vie d'un produit. Dans le cas de l'agriculture, sont pris en compte les impacts générés par les activités à la ferme, par exemple la préparation des parcelles, la fertilisation ou l'irrigation, mais également les impacts liés à la production des intrants, par exemple la fabrication des engrais ou du carburant, et ceux liés à la production des infrastructures comme la fabrication des serres. L'évaluation s'arrête à la « porte de la ferme » et n'inclut pas la phase de commercialisation jusqu'au consommateur. L'analyse est menée à l'échelle de la ferme dans son ensemble, plutôt que d'un seul légume, en considérant la production annuelle totale de légumes et les intrants totaux sans préciser leur utilisation.