Vous avez été mandatée par le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation Julien Denormandie comme pilote du deuxième volet du Varenne agricole de l'eau et de l'adaptation au changement climatique. L'objectif de ce deuxième volet est de renforcer, dans une approche globale, la résilience de l'agriculture. Pour cela, vous indiquez vouloir mobiliser une approche filière afin de définir les impacts du changement climatique sur les filières tout en identifiant les besoins, risques et opportunités. Vous avez lancé cette thématique le 9 juillet lors d'un webinaire. Au sein des différentes productions agricoles, quelle place et quels enjeux vous paraissent incontournables face à cette problématique ?
Le changement climatique impacte déjà l'ensemble des activités agricoles dans les domaines des filières végétales et animales. Ce processus va encore s'amplifier et s'accélérer d'après les climatologues dans les prochaines années. Ne rien faire serait condamner l'agriculture et amputer sérieusement notre capacité à produire notre alimentation donc notre souveraineté. Pour éviter cette situation qui résulterait de l'immobilisme, il faut anticiper et mettre en oeuvre tous les leviers que nous connaissons pour retrouver notre capacité à produire en quantité et en qualité suffisantes. Le Varenne de l'eau et de l'adaptation au changement climatique doit nous aider à mettre toutes ces questions sur la table et à voir comment nous pouvons construire ensemble cette nouvelle agriculture sous contrainte climatique. Pour y parvenir, nous devons combiner une approche filières et une approche territoires. Les filières sont concernées parce qu'au-delà de la production, il y a une chaîne d'acteurs qui doit s'adapter à un nouveau contexte de production : les agriculteurs bien sûr, mais aussi les fournisseurs (de variétés, d'engrais, de matériel, etc.) et aussi la collecte, la transformation et la commercialisation des produits alimentaires. Les territoires ont aussi une approche pertinente du sujet car la diversité des systèmes de production et des contextes pédoclimatiques en France engendre une diversité de conséquences. Il est donc normal que chaque territoire ait ses propres priorités de travail et d'anticipation. Parmi tous les enjeux du changement climatique, je retiens trois grandes conséquences pour l'agriculture :