Projets
Résultats des projets menés par le CTIFL et ses équipes
Évaluation de porte-greffe de noyer
Description du projet
Jusqu’au milieu du 20e siècle, la récolte des noix se faisait sur des arbres situés en bordure de champs, de chemin ou, tout simplement, dans nos forêts. Ce n’est qu’autour des années 50 que les premiers vergers de noyers ont vu le jour. Aujourd’hui, la production de noix française stagne autour de 40 000 tonnes pour 21 000 ha depuis une quinzaine d’année, loin derrière la Chine, la Californie ou le Chili qui produisent respectivement 800 000 tonnes, 650 000 tonnes et 150 000 tonnes de noix coque en 2019 (FAO, 2019) et dont la production progresse chaque année. La production française de noix provient pour moitié de Nouvelle-Aquitaine. Elle constitue de plus en plus une alternative à des cultures en déclin et également une voie de diversification des exploitations agricoles, assurant une source de revenu intéressante et stable liée à un prix mondial qui est pour le moment soutenu.
L'empreinte forestière encore bien marquée de la culture du noyer et de son très récent développement en arboriculture fruitière (1950) n’ont pas encore permis aux producteurs français qui se sont lancés dans la production de noix, d’acquérir complètement tous les réflexes des arboriculteurs fruitiers, tels qu’on les rencontre chez les pomiculteurs ou les pruniculteurs, malgré une forte mécanisation. Dans la liste des points clés ou des actions spécifiques à l’arboriculture, le volet porte-greffe a été longtemps omis par les producteurs de noix, le reléguant à un simple support de culture ou de multiplication de l’espèce, faute de pouvoir multiplier les variétés autrement. Encore aujourd’hui, les porte-greffe sont issus de semence Juglans regia ou hybrides (Juglans regia x Juglans nigra), dont l’origine n’est pas toujours claire. La variété porte-greffe “Lozerone” est mise en avant depuis de nombreuses années comme variété productrice de semences, en raison d’une production homogène par la taille des plants produits et un taux de germination acceptable (supérieur à 50 %). Mais, faute de quantité disponible suffisante, les pépiniéristes utilisent de nombreuses autres origines (variétés) de Juglans regia. Une origine non maîtrisée, associée à l’hétérogénéité apportée par la semence, font qu’il est difficile d’exploiter ce levier dans le triptyque « Variété / Porte-greffe / Environnement » pour optimiser la production de noix dans les vergers.
Aujourd’hui, la filière nucicole doit faire face à de nouvelles contraintes réglementaires et biologiques, les obligeant à reconsidérer cet élément important de l’arboriculture : la production de plants utilisant des porte-greffe certifiés (nouvelle directive européenne qui entre en vigueur en 2022), l’implantation de vergers sur des sols moins propices, la réapparition de maladies du sol (maladie de l’encre liée à Phytophthora cinnamomi ou Phytophthora cambivora) ou encore les stress abiotiques tels que les excès ou les manques d’eau liés au changement climatique.
L’INRAE et le CTIFL ont développé dans les années 70-80 des porte-greffe pour accompagner le développement des nouvelles variétés à fructification latérale pour le noyer, le critère clé étant l’apport de vigueur et une tolérance à la maladie de la ligne noire liée au virus du Cherry Leaf Roll Virus (CLRV). Malgré cela, la « greffe » avec les producteurs n’a pas pris, reléguant ces porte-greffe clonaux à un usage confidentiel. Aujourd’hui, compte tenu des urgences liées aux nouvelles contraintes réglementaires et biologiques, il est impératif d’améliorer notre connaissance sur les porte-greffe clonaux développés par l’INRAE et le CTIFL en comparaison avec des porte-greffe développés à l’étranger, principalement en Californie par l’Université de Davis.