Projets
Résultats des projets menés par le CTIFL et ses équipes

Étude et recherche sur les organismes virus, viroïdes, phytoplasmes des arbres fruitiers

Dates du projet
De : Janvier 2022
À : Décembre 2026
Porteur interne du projet
Thématique
Espèces travaillées par le CTIFL

Description du projet

Le projet a pour objectif d'étudier les problématiques liées aux maladies de type viral (provoquées par des organismes de type virus, viroïde, phytoplasme) en arboriculture et caractériser leur impact potentiel.​
Les évolutions réglementaires récentes (certification, réglementation UE et nationale en santé des végétaux), scientifiques (identification et caractérisation de nombreux nouveaux virus, notamment par les nouvelles techniques de séquençage "HTS") et la présence récurrente de désordres de type viral sur le territoire nécessitent de renforcer les actions de recherche sur ces organismes.​

Depuis 2010, de nombreux nouveaux virus sont régulièrement mis en évidence par les techniques de séquençage "haut débit" HTS (High throughput sequencing) (Maliogka et al. , 2018 ; Villamor et al., 2019). Ces nouveaux pathogènes sont identifiés soit en association avec des maladies ou désordres de type viral précédemment décrits dans la bibliographie (parfois depuis plusieurs décennies) mais pour lesquels aucun agent pathogène n'avait pu être caractérisé (ex : maladie de l'Apple rubbery wood sur pommier et les virus ARWv1 et 2 ; Rott et al. , 2018), soit à partir de matériel symptomatique ou non (ex : luteovirus sur pêche-nectarine ou pommier). Pour la plupart de ces nouveaux agents pathogènes identifiés, aucune information n'est disponible concernant la symptomatologie et l'impact potentiel en arboriculture. Ce manque d'information est notamment régulièrement soulevé par les équipes de recherche dans la bibliographie (Massart et al., 2017 ; Fox, 2020 ; Hou et al., 2020 ; Fontdevila Pareta et al., 2023 ; Tzanetakis et al., 2024).  
Les travaux de recherche-expérimentation mis en œuvre sur les virus, viroïdes et phytoplasmes visent ainsi à améliorer les connaissances de la biologie, la symptomatologie, l'impact sur les cultures, les outils et méthodes de détection. L'objectif est d'apporter des informations permettant d'adapter la surveillance et le mode de gestion à chaque pathogène.

Dans ce contexte, différentes actions sont identifiées :
- Collecter des informations de terrain auprès des filières professionnelles et acteurs techniques sur les organismes de type viral présents, suspectés ou réémergents sur le territoire.
- Caractériser des symptômes associés aux nouveaux virus identifiés par HTS : sont-ils pathogènes ? Si oui, quelle est la sévérité des symptômes observés ? Quelle est l'impact potentiel sur le matériel fruitier ? Sont-ils présents sur le territoire ? Pour la plupart de ces nouveaux agents pathogènes identifiés, aucune information de symptomatologie n'est disponible.
- Étudier la symptomatologie associée à des maladies connues sur la gamme de plantes sensibles connus (indicateurs biologiques) et la gamme variétale récente multipliée et implantée sur le territoire. Le but est de pouvoir identifier en amont les sensibilités des différentes espèces à certains pathogènes afin d'anticiper des problématiques qui pourraient apparaître en verger, notamment en lien avec les évolutions climatiques.
- Maintenir et multiplier les isolats des maladies de type viral conservés par le CTIFL. Plus de 200 isolats de maladies de type viral caractérisées ou non sont conservés et maintenus sur arbres et permettent d'alimenter les programmes de recherche, les tests de laboratoire pour le CTIFL et d'autres organismes de recherche en France et à l'étranger.
- L'élaboration du programme de recherche pour plusieurs années en incluant la caractérisation biologique de virus récemment identifiés par séquençage haut débit (HTS) sur pommier, poirier et Prunus avec des équipes de recherche franco-européennes.

Résultats

Travaux réalisés en 2024 sur ce programme :

- La sécurisation et le renouvellement d'une partie des isolats de virus du conservatoire ou virothèque du CTIFL.

- Expérimentations sur les virus transmis par le pollen PDV et PNRSV sur pêcher : transmission plante-semence-plantule.

- Le suivi d'expérimentations et observations de différents virus une gamme d'indicateurs biologiques en serre et pépinière : travaux sur la maladie de la mosaïque du châtaignier (ChMV), sur l'Apple rubbery wood disease et les virus nouvellement associés ARWv-1 et ARWv-2 ainsi que sur le Little cherry virus-1 (LChV1) ou le Citrus virus A (CiVA) notamment.

- Travaux sur les Luteovirus et nouveaux virus des Prunus : les observations et résultats d'analyses réalisées sur les tests biologiques suivis depuis 2019 et 2020  (indexage biologique sur indicateurs selon recommandations ICVF/ISHS) ont donné plusieurs résultats : absence de symptômes sur feuilles pour les tests sur indicateurs pêcher, abricotier, prunier pour NSPaV (Nectarine stem pitting-associated virus) et PaLV (Peach-associated luteovirus), absence de nécroses sous écorces reportées dans la bibliographie pour NSPaV (Bag et al, 2015). En revanche, le virus PBNSPaV (Plum bark necrosis stem pitting-associated virus), étudié dans les mêmes conditions à partir de plusieurs isolats en simple ou co-infection a révélé des symptômes de rougissements accompagnés de chute des feuilles sur indicateur pêcher. Les symptômes sont peu marqués sur indicateur abricotier et absents sur prunier.

- Préparation d'un essai de symptomatologie sur différents cultivars de pêche et nectarine pour les virus récemment identifiés sur Prunus. Les premières analyses réalisées après greffages-inoculation montrent un bon taux de transmission de NSPaV, PaLV et PaLV2 sur pêcher. L'efficacité de transmission de ces virus par le greffage semble donc bonne ce qui confirme les résultats obtenus en 2021-2022 en collaboration avec INRAE. Pour NSPaV, PaLV et PaLV2, les essais de transmission par greffage sur prunier domestique et abricotier n'ont pas permis de transmettre les virus.

- Concernant le pommier, nous avons travaillé sur plusieurs nouveaux virus identifiés sur cette espèce en lien notamment avec des remontées du terrain. En effet, des cas de symptômes atypiques sur pommier ont été signalés dans différents bassins de production (symptômes sur feuilles, sur la croissance, dépérissements ou sur fruits). Plusieurs échantillons ont pu être collectés pour analyses et observations. Différents virus sont identifiés et sont dans la plupart des cas présents en co-infection en verger. Il s'agit de virus connus classiquement en certification et de virus et viroïdes récemment identifiés comme ARWv1, ARWv2, CCGaV (Citrus concage gum-associated virus), ALV-1 (Apple luteovirus 1) et AHVd (Apple hammerhead viroid). CCGaV et AHVd ont été très récemment identifiés (2018) par technique de séquençage HTS, et sont recensés dans plusieurs pays. Ces pathogènes sont notamment transmis par greffage (variétés et PG).

Les expérimentations se poursuivent en 2025.