Biologie de l'animal et dégâts occasionnés
H. carotae, décrit pour la première fois en France en 1955 (Oudinet et al., 1962), est retrouvé chez Daucus carota, quelques autres Apiaceae proches de la carotte et trois espèces de Torilis (plante herbacée de la famille des Apiaceae). Cette espèce de nématode a besoin d'exsudats radiculaires pour que les larves de 2e stade sortent des kystes et des oeufs pour aller infester les racines (Aubert, 1986) et aucune Apiaceae cultivée autre que la carotte ne provoque d'éclosions aussi importantes. H. carotae étant très spécifique de la carotte, la population au champ peut être réduite par une très longue rotation, ce qui n'est pas le cas pour d'autres nématodes tels que Pratylenchus spp. et Meloidogyne spp.
L'éclosion des oeufs a généralement lieu dans les 15 jours suivant la germination des carottes. Après éclosion, la larve de second stade (J2) (lire encadré cycle de vie), le seul stade mobile des nématodes endoparasites sédentaires femelles, pénètre le pivot (principalement, mais également dans les racines secondaires) pour se développer. La pénétration dans les tissus est suivie d'induction d'un site nourricier, appelé syncytium, qui est constitué d'une cellule géante. Ce syncytium reste fonctionnel tout au long de la vie du nématode. Les blessures et les modifications cellulaires, en particulier fonctionnelles, ainsi provoquées induisent des arrêts de croissance, perturbent la tubérisation et entraînent des déformations des pivots. La carotte devient non commercialisable (« bouchons1 », carottes fourchues, altération de la lississitude2...), avec un fort développement de chevelu racinaire juste au niveau de la zone de pénétration, et forme des portes d'entrée pour les autres bioagresseurs telluriques. Ces symptômes sont d'autant plus accentués dans les sols sableux, fortement drainants. Par ailleurs, ce nématode réduit l'absorption de la plante en eau et nutriments. Des symptômes sur feuillage (volume foliaire plus faible, feuillage irrégulier, jaunissements, rougissements) peuvent être repérés en cas d'attaque d' H. carotae sans que cela ne lui soit spécifique (Villeneuve et Leteinturier, 1992a et b). La présence du parasite dans la parcelle se manifeste le plus souvent par des foyers (ou taches). En cas de forte attaque, l'ensemble de la parcelle peut être touché.