Projets
Résultats des projets menés par le CTIFL et ses équipes

Réduire les intrants externes en verger de pommier bio par l'utilisation de couvre-sols - DOMINO

Dates du projet
De : Janvier 2018
À : Décembre 2023
Porteur interne du projet
Thématique
Espèces travaillées par le CTIFL

Description du projet

Les écosystèmes naturels sont constitués d’associations d’espèces, qui au cours du temps se combinent, se complètent, se supplantent, voire s’éliminent, pour aboutir à un système stable et autosuffisant, multispécifique et multistratifié. De cette observation découle l’idée de revisiter le système de production, en s’écartant d’un modèle de monoculture, pour tendre vers celui d’un agroécosystème cultivé et multi-dimensionnel. Par un choix judicieux d’espèces utilisées en complément de l’arbre, on pourrait ainsi optimiser l’utilisation des ressources internes à la parcelle, tout en minimisant l’impact négatif de ces cultures associées sur la production fruitière. 

Trois hypothèses sont posées au démarrage du projet DOMINO, qui est mené en système de production biologique : 

- L'utilisation de couvre-sols sur les rangs des vergers ou vignobles peut être une alternative durable au désherbage mécanique, à condition de limiter les risques de compétition vis-à-vis de l’arbre ou des ceps. Ceci peut être réalisé soit en choisissant des espèces peu compétitives, soit en utilisant des cultures qui peuvent apporter un revenu supplémentaire, tout en étant compatibles avec la culture principale. 

- L'utilisation de légumineuses sur les rangs et/ou les interrangs peut suffire à couvrir les besoins en azote des arbres ou de la vigne et à améliorer la fertilité du sol au sens large.

- L'utilisation de plantes couvre-sols sur les rangs de plantation peut modifier l'architecture racinaire des arbres, et améliorer ainsi leurs capacités d'absorption des nutriments. 

Dans ce cadre, le CTIFL a testé, d'abord en plein champ, 13 espèces herbacées pour une utilisation sur le rang d'arbres et 13 mélanges de légumineuses pour leur potentiel comme engrais verts. Puis les meilleurs candidats ont été évalués en verger de pommier, sous forme d'une expérimentation système, pour :
- Évaluer la capacité de ces couvre-sols à empêcher le développement des adventices sur le rang ; 
-Mesurer leur impact sur les propriétés physiques du sol, sur ses ressources azotées et sur le rendement ; 
- Observer leur effet sur la faune antagoniste ou nuisible ; 
- Quantifier le coût économique de la méthode en comparaison d'une référence AB classique. 

Nous avons aussi coordonné le même type de travaux réalisés par 5 partenaires européens dans une large gamme de conditions pédologiques et climatiques.

Résultats

La piste de l’utilisation de couvre-sols dans l’objectif de remplacer une biodiversité végétale nuisible par une biodiversité végétale choisie, est mise à mal par la difficulté à obtenir une installation satisfaisante des espèces herbacées et à les pérenniser, sans l’application de mesures de désherbage complémentaires, souvent manuelles. 

Malgré plus de 50 espèces couvre-sols testées dans le projet, sous des conditions pédologiques et climatiques très différenciées, force est de constater qu’il est impossible d’indiquer une espèce qui pourrait être proposée aux agriculteurs comme une « solution clé en main ». 

L’installation de couvre-sols pérennes représente un investissement très lourd, dont le succès est loin d’être garanti ; sauf à identifier, in situ, une espèce locale intéressante, que le producteur multipliera progressivement en démarrant sur de petites surfaces. 

Dans l’expérimentation CTIFL, testant l’utilisation de piloselle ou de menthe sur le rang en verger de pommier biologique, l’investissement représenté par l’introduction de ces couvre-sols a été chiffré à 25 000 € par hectare de verger, pour des pertes de rendement de 18 à 20%, une prolifération des rongeurs, sangliers et chevreuils, et une incapacité à réguler les adventices.

L’utilisation d’engrais verts de légumineuses à forte biomasse est une voie plus prometteuse en production biologique, mais des équipements de semis performants, spécifiquement adaptés aux vergers ou vignobles, doivent être développés pour garantir leur succès d’implantation. 

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