Face à la sécheresse de l'été 2020 et du déficit hydrique qui en a découlé, les médias se sont largement fait l'écho des difficultés rencontrées par les céréaliers et les éleveurs. Qu'en est-il concernant l'arboriculture fruitière et le maraîchage ? Quid des aides financières conjoncturelles ?
Il est exact que, depuis quelques années, la France est de plus en plus touchée par des épisodes caniculaires successifs. Pourtant, il est bien difficile d'évaluer l'impact de ces périodes de sécheresse sur certaines cultures et en particulier concernant celles de la filière des fruits et légumes frais. Car, à ma connaissance, cette profession a développé au fil du temps des systèmes de production faisant largement appel à l'irrigation. Ceci étant dit dans plusieurs régions, l'année 2020 a été marquée par deux périodes d'excès d'eau (printemps et automne) et un été particulièrement chaud. Ce qui renvoie inévitablement à la problématique de la gestion de l'eau. En effet, il s'agit de faire en sorte que l'abondance des pluies de certaines saisons, d'un côté, contrebalance le manque de pluviométrie, de l'autre. Il y a là un chantier important pour résoudre cette équation ; ce qui permettrait aux agriculteurs d'être beaucoup plus résilients quelles que soient leurs cultures. Dans le Sud-Ouest par exemple, l'été dernier a été marqué par des journées avec une évapotranspiration1 potentielle (ETP) particulièrement élevée de 7 à 8 millimètres. Cette déshydratation soudaine a bien entendu eu un impact sur les cultures tout en étant très difficile d'en quantifier les effets, et notamment en fruits et légumes. D'où l'importance d'avoir des plans d'actions et des combinaisons d'intervention comme par exemple le travail du sol afin que l'on puisse augmenter la Réserve facilement utilisable (RFU) par les plantes. Une démarche importante qu'il faut relativiser en fonction des types de terrains et de cultures. Rappelons-nous simplement que l'irrigation demeure avant tout la principale garantie pour le producteur. D'ailleurs l'enjeu majeur de l'irrigation est l'accès à l'eau par le stockage en contre-saison. Sur les quatre départements du bassin-versant de l'Adour par exemple, les 80 millions de m3 d'eau, qui ont été créés depuis 30 ans, permettent de maintenir le tissu économique agricole et de soutenir l'étiage de la rivière. Aujourd'hui, bien que décrié, le stockage reste un outil de lutte reconnu et structurant contre des périodes de sécheresse. Déjà l'an dernier, et malgré une faible pluviométrie durant l'hiver, le secteur agricole avait surmonté l'épisode de sécheresse sans encombre. Aujourd'hui, et depuis une vingtaine d'années, il existe bel et bien des sites à l'état de projets sans véritablement de concrétisation. En revanche, depuis la dernière circulaire de 2019, il existe des groupes de réflexion (les services départementaux, les collectivités, les syndicats d'eau potable et des rivières, les associations de consommateurs et de l'environnement, les agriculteurs, les industriels) appelés Projet de territoire pour la gestion de l'eau (PTGE). C'est une démarche collective qui allie approche globale et co-construite de la ressource en eau sur un périmètre hydrographique cohérent. Il vise à atteindre un équilibre durable entre besoins en eau et ressources disponibles tout en respectant la bonne fonctionnalité des écosystèmes aquatiques, en anticipant et s'adaptant aux changements climatiques. Pourtant à ce jour, le nombre de ces PTGE demeure bien insuffisant face à l'urgence du calendrier imposé par le changement climatique. Dans certaines régions et sur le plan individuel, notons au passage que l'arboriculture - comme la filière de la noisette, de la pomme et du kiwi - bénéficie de certains financements locaux dans le cadre des Projets de développement rural (PDR) concernant la garantie de l'irrigation.