Projets
Résultats des projets menés par le CTIFL et ses équipes
Amélioration de la protection des vergers contre deux ravageurs du cassis
Description du projet
Actuellement, le verger de cassis français représente une surface de 2 500 ha (Sharma S., 2018), répartie principalement sur trois bassins de production (Val de Loire 45 %, Vallée du Rhône 25 % et Bourgogne 20 %). Contrairement aux pays de l’est de l’Europe, la surface cultivée française est en diminution depuis 2011 (-7,5 % en 8 ans). Cela résulte, d’une part, des incidents climatiques (gel, grêle et sécheresse) et des maladies et ravageurs qui ont pénalisé les rendements et, d’autre part, de la réduction des surfaces liée à la forte concurrence de la Pologne notamment.
La filière doit faire face à un marché de cassis mondialisé et parfois difficile (barrières douanières/phytosanitaires, prix insuffisamment rémunérateurs sur certaines variétés) et à une concurrence accrue des autres pays producteurs de l’Europe où les coûts de production sont souvent nettement inférieurs à ceux de notre pays.
Les professionnels doivent également répondre aux attentes sociétales concernant la qualité organoleptique des produits et les aspects environnementaux. C’est pour faire face à ce contexte délicat que les producteurs ont l’obligation d’être toujours plus performants, afin de diminuer les coûts de production, d’obtenir une production économiquement rentable, de qualité organoleptique et sanitaire irréprochable, tout en limitant l’impact sur l’environnement.
Étant donné que la culture de cassis représente des surfaces limitées, peu de substances phytosanitaires ont été homologuées ces dernières années pour un usage sur cassissier. Le Réseau National des « Usages Orphelins », constitué de la Direction générale de l’alimentation (DGAL), du CTIFL et des stations régionales d’expérimentation, permet ainsi de définir les usages à examiner en priorité et les spécialités commercialisées à expérimenter. En partenariat avec l'Association nationale cassis, les usages prioritaires ont été fixés et la protection contre la cochenille blanche du mûrier (
Pseudaulacaspis pentagona) et le puceron vert du cassissier à grappes et du cassissier (
Aphis schneideri) restent les principaux problèmes, avec des conséquences économiques importantes dans tous les bassins de production.
Résultats
Le but de ces essais était de tester différentes stratégies de lutte contre la cochenille blanche du mûrier, ravageur le plus problématique en culture de cassis. Ces stratégies se sont déroulées en deux temps. Cette cochenille présentant deux essaimages par an, chacun d’entre eux a permis la mise en place d’essais. Le premier d’entre eux se déroulant au cours du mois de mai a permis l’évaluation de spécialités dites de biocontrôle, a contrario de l’essai mis en place sur le second essaimage établi en post-récolte où le choix de la spécialité s’est porté sur un perturbateur de croissance des insectes (pyriproxyfène). Le choix d’évaluer cette matière active uniquement en post-récolte se justifie d’une part par la présence régulière de ce résidu sur d’autres cultures et d’autre part par la non-homologation de cette matière active en culture de cassis. Par ailleurs, malgré cette absence d’homologation, cette spécialité est depuis plusieurs années utilisée par de nombreux professionnels de la filière en raison de l’absence drastique de spécialités contre ce ravageur. La mise en place de cet essai a donc permis de répondre à la demande croissante des professionnels d’évaluer l’efficacité de cette molécule.
L’essai en saison s’est déroulé dans un contexte d’extrême pression de ce ravageur, où tous les buissons sélectionnés présentaient une pression jugée très forte, rendant aisée la sélection de rameaux infestés et donc la mise en avant de potentielles efficacités. Parmi les spécialités utilisées, seule la combinaison d’huile de paraffine et du dioxyde de silicium induit une différence statistique vis-à-vis de la modalité sans aucune intervention concernant le pourcentage de cochenilles vivantes, avec une mortalité de 34 %. Néanmoins, cette combinaison nécessite d’être évaluée une nouvelle fois car les données avec la seule utilisation d’huile de paraffine sont extrêmement proches des données de cette combinaison, a contrario de la seule utilisation du dioxyde de silicium qui présente une moindre efficacité. Enfin, la spécialité Nori Pro, étudiée sans aucune combinaison, n’a démontré aucune efficacité statistique, même s’il apparaît une mortalité des populations de 20 % à la suite de son utilisation.
Il est également notable qu’aux doses utilisées, aucune phytotoxicité du végétal n’est apparu à la suite des applications.
Concernant l’essai en post-récolte, le faible essaimage en raison des températures caniculaires n’a pas permis l’évaluation de l’Admiral Pro. Le renouvellement de cet essai la saison prochaine est souhaitable.