Les microfermes maraîchères en agriculture biologique
Lors d'une installation en maraîchage, il est souvent recommandé de prévoir un parcellaire de trois à cinq hectares afin de pouvoir facilement mettre en place les rotations culturales (réseau agriculture biologique des chambres d'agriculture, 2019), mais un nouveau phénomène à contre-courant prend de l'ampleur : les microfermes. Celles-ci se développent sur des surfaces inférieures à ce qui est recommandé, tout en présentant une diversité cultivée supérieure aux exploitations traditionnelles. Ces fermes s'inscrivent dans la volonté de favoriser le lien entre le producteur et le consommateur ainsi que celle de réduire la motorisation (Morel, 2016). Ces microfermes maraîchères ont souvent recours à des associations culturales, à une intensification des cultures et à une diversification importante de l'assolement (Berry, 2017). Cependant, il y a un manque avéré de références techniques, économiques et organisationnelles sur ces modèles d'exploitations.
La « milpa », une antique association de cultures en Mésoamérique
L'association de cultures est un mode de production dont l'intérêt est considéré au regard de la raréfaction des terres arables disponibles et de la nécessité d'augmenter la production. C'est également l'une des pratiques innovantes fréquemment utilisée sur les microfermes maraîchères. Les associations de cultures ont en effet des intérêts écologiques : elles augmentent l'abondance d'abeilles présentes dans le système de cultures (Kennedy et al., 2013) et le nombre d'auxiliaires (Letourneau et al., 2011). Deux types d'associations de cultures se distinguent : les associations substitutives où la densité de plantation des différentes espèces est diminuée et les associations additives où la densité de plantation reste inchangée (Iverson et al., 2014).
La « milpa », aussi appelée « Les trois soeurs » est une association de cultures dont les origines remontent à la Méso-amérique (Ebel et al., 2017) il y a plusieurs milliers d'années (Postma et Lynch, 2012). Elle est traditionnellement composée de maïs (Zea mays L.), de courge (Cucurbita argyrosperma Huber, Cucurbita ficifolia Bouché, Cucurbita moschata Duchesne ou Cucurbita pepo L.) et de différentes légumineuses (haricot commun, haricot de Lima, fève ou niébé). Les trois espèces cultivées sont présentes simultanément sur la parcelle, avec une réduction des densités de plantation pour laisser de l'espace à leurs développements respectifs (Ebel et al., 2017). Ces trois cultures ont des systèmes racinaires aux architectures différentes qui leur permettraient de réduire la compétition pour les nutriments, notamment le phosphore et le potassium (Postma et Lynch, 2012). De plus, les légumineuses comme le haricot commun sont capables de fixer l'azote atmosphérique dans le sol et de le mettre à disposition des autres espèces tandis que le maïs leur sert de tuteur. Enfin, la structure rampante de la courge assure une couverture du sol, limitant le développement des adventices et conservant son humidité (Ebel et al., 2017). Afin d'étudier l'intérêt agronomique de cette association de culture, le CTIFL a mis en place plusieurs expérimentations.