Quelques éléments de contexte
Ces dernières années, l'arboriculture fruitière a souvent été pointée du doigt par les médias et la société. Les deux points noirs mis en avant sont le nombre important de traitements et leur application par pulvérisation. La production arboricole est encore fortement dépendante de produits phytosanitaires avec un indice de fréquence de traitement moyen de 10 pouvant aller jusqu'à 36 en pommes de table [1]. La maîtrise des quantités de produits phytosanitaires appliquées est donc un enjeu majeur pour cette filière. Dans nos conditions climatiques, les productions arboricoles sont confrontées annuellement à de nombreuses pressions de maladies et de ravageurs ayant un impact économique très important sur la production et pouvant aller jusqu'à une perte totale de la récolte. Depuis une vingtaine d'années, le CTIFL et les stations régionales d'expérimentation s'attachent à évaluer et à mettre en oeuvre des moyens alternatifs et complémentaires à l'utilisation de produits phytosanitaires : moyens de biocontrôle, protections mécaniques ou génétiques.
Dans le cadre d'un traitement, l'efficacité du produit utilisé dépend fortement de la façon dont il est appliqué. Aujourd'hui, la pulvérisation des produits phytosanitaires ou des produits de biocontrôle avec des pulvérisateurs axiaux à jet porté présente des inconvénients majeurs : dérive de produit dans l'air et dans l'eau, bruit engendré par la turbine, disponibilité d'un matériel performant et de l'opérateur au moment opportun. Dans certaines conditions, l'utilisation d'un pulvérisateur peut aussi entraîner des échecs de protection, notamment sur des arbres de grande taille, sur certaines cibles comme les agents pathogènes du système vasculaire et lors de l'utilisation de certains produits de biocontrôle. La réponse à ces problématiques peut passer par l'adaptation des techniques et la reconception de l'itinéraire de protection des vergers touchés. C'est tout l'enjeu du projet MISPA ou Micro-injection Sécurisée pour la Protection des Arbres qui se propose d'explorer une nouvelle technique de protection des vergers basée sur l'application des produits de protection des plantes par micro-injection dans le tronc. L'arbre devient ainsi le moteur de son propre traitement, entraînant une rupture fondamentale dans le raisonnement de la protection du verger.