Les résidus de pesticides : un enjeu majeur pour la nutrition infantile
L'élaboration de purées destinées à la nutrition infantile (« petits pots » pour la nutrition des enfants de 4 mois à 3 ans) doit répondre à des exigences de qualité très strictes et très réglementées, en particulier pour ce qui concerne la teneur en résidus de produits phytosanitaires de synthèse, qui ne doit pas dépasser 10 ppb dans le produit fini. La fabrication de ces purées nécessite ainsi un approvisionnement en légumes issus de filières de production spécifiques, caractérisées par une gestion très fine des contaminants potentiels (par ex. métaux lourds, nitrates, insecticides et fongicides). Les producteurs de légumes travaillant pour la nutrition infantile utilisent donc en priorité des pesticides élaborés avec des molécules qui ne tracent pas, diminuent autant que possible les doses de produits utilisées et augmentent les délais de traitement avant récolte.
L'un des légumes les plus utilisés dans la fabrication de purées destinées à la nutrition infantile est la carotte. Pour cultiver ce légume, les producteurs ont recours à l'utilisation de fongicides afin de gérer les champignons Sclerotinia minor et Alternaria dauci, qui peuvent détruire 100 % de la production si leur développement n'est pas correctement géré. Les fongicides utilisés (produits à base de boscalid) donnent de bons résultats d'un point de vue technique, mais peuvent laisser des résidus rendant les carottes impropres à la nutrition infantile. Les producteurs de carotte ont également recours aux insecticides pour protéger leurs cultures contre les insectes phytophages (mouche des semis Delia platura, mouche de la carotte Psila rosae, noctuelles terricoles Agrotis ipsilon et A. segetum, et noctuelles défoliatrices Autographa gamma, Helicoverpa armigera, Lacanobia oleracea et/ou Chrysodeixis chalcites). Les insecticides utilisés (produits à base de pyréthrinoïdes) donnent pleinement satisfaction car ils sont efficaces, bon marché et laissent très peu de résidus dans le produit final. Cependant, les pyréthrinoïdes sont très peu sélectifs des auxiliaires des cultures (arthropodes prédateurs et/ou parasitoïdes, insectes pollinisateurs, etc.) et certaines peuvent même s'avérer toxiques pour les reptiles et les organismes aquatiques (cas de la lambda-cyhalothrine). Des alternatives aux pyréthrinoïdes, dont l'usage risque d'être remis en cause dans un avenir proche, doivent donc être recherchées.